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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 14:29

Le dernier complot à la mode c'est celui des banquiers qui ont pris le contrôle de la création monétaire, c'est le buzz du moment avec la vidéo de l'Argent-Dette qui fait fureur sur le Web.


Que des personnes pensent sincèrement s'informer en regardant une vidéo sur le fonctionnement du système de création monétaire d'un artiste peintre canadien adepte de théories complotistes assez loufoques comme celle des chemtrails, c'est déjà à la base quelque chose de totalement incompréhensible.
D'autant plus que la vidéo présente comme un secret caché (normal c'est un complot) le principe de la création monétaire alors qu'il est expliqué de manière simple dans n'importe quel manuel d'économie ou sur pleins de sites genre Wikipédia sur Internet.
Par quel cheminement mental, ces personnes peuvent penser qu'elles vont s'informer en regardant une vidéo qui a 99 chances sur 100 d'être fausse défie toute logique.



A l'aide d'un simple plan : Comment ? Pourquoi ? Voyons comment est organisé le système de création monétaire



I) Comment le système est-il organisé ?

Il faut déjà définir deux termes :

      - la monnaie banque centrale
Elle est émise seulement par la banque centrale et comprend les espèces + le montant des réserves obligataires que les banques doivent avoir à la banque centrale.

      - la monnaie scripturale
Elle est immatérielle, elle est le plus souvent électronique, c'est celle qu'on utilise pour l'utilisation de la carte de crédit, les chèques, les virements bancaires ect...


Pour résumer le système, la banque centrale crée de la monnaie banque centrale, les banques créent de la monnaie scripturale, le montant de la monnaie scripturale que les banques peuvent émettre est contrôlé par la banque centrale.


a) Comment les banques créent de la monnaie scripturale ?


Les banques créent de la monnaie scripturale en fournissant des prêts, elles créditent le compte de l'emprunteur par un simple jeu d'écriture, elles reçoivent une créance en échange. Au fur et à mesure que le prêt est remboursé la monnaie créé est détruite. La banque reçoit des intérêts qui correspondent à deux choses. Le risque qu'elle prend de ne pas être remboursée et la rénumération du temps (un € aujourd'hui vaut moins qu'un € demain).

Ceci est le premier effet kisscool. Le deuxième effet kisscool est ce qu'on appelle l'effet multiplicateur du crédit.

Imaginons que la Banque A accorde un prêt de 800€ à Pierre. Pierre va dépenser 100 et mettra le reste sur son compte en banque. En admettant que les 100 dépensés se retrouvent aussi sur un compte en banque, les banques dans l'ensemble se retrouvent donc avec 800 en dépot ce qui leur permet de financer de nouveaux prêts et ainsi de suite.

Ceci illustre le principe très connu  "ce sont les crédits qui font les dépôts", alors qu'on pourrait penser l'inverse.


C'est souvent là que les théories du complot du banquier s'arretent arguant que les banques ont donc le pouvoir de la création monétaire.
Or c'est simplement faux, parce que la monnaie scripturale que les banques peuvent émettre est controlée par la Banque Centrale.


b) Comment la Banque Centrale contrôle la création monétaire ?


- Les banques ont l'obligation d'avoir des réserves obligataires à la banque centrale. De ces réserves obligataires, dépend la quantité de crédit que les banques peuvent émettre. Par exemple; si une banque a 1000 de dépots et que les réserves obligataires sont de 10%, elle devra placer 100 à la banque centrale.
En faisant varier le taux de réserve obligataires on limite ou non l'expansion du crédit (c'est beaucoup utilisé par la Chine)

Corrigeons maintenant l'exemple précédent. A la base de la création monétaire, c'est la Banque Centrale qui va créer 800€ en monnaie banque centrale. Elle va ensuite prêter ces 800€ à la banque privée qui va elle-même les préter à Pierre. Pierre épargne 700 et dépense 100, les banques se retrouvent avec 800, elles doivent placer 80 en réserves obligataires et vont faire 720 de crédit ect...

Ainsi pour que les banques créent de la monnaie scripturale grâce à l'éffet multiplicateur du crédit, il faut que la Banque Centrale émette de la monnaie banque centrale.


- La Banque Centrale peut faire varier les taux directeurs. Les banques doivent emprunter à la Banque Centrale la monnaie banque centrale dont elles ont besoin. Plus le taux est elevé, plus l'accès au crédit sera couteux, moins la création monétaire sera importante. Inversement, des taux faibles permettent un accès au crédit pas cher et stimule la création monétaire. C'est l'un des principaux instruments de régulation de l'inflation.


- Enfin, la Banque Centrale impose des règles aux banques en réglementant notamment la quantité de risques que les banques sont autorisées à prendre (cf les accords de Bale II et les ratios financiers à respecter).



Comme nous venons de le voir, il est donc faux de dire que les banquiers ont le contrôle de la création monétaire. C'est la Banque Centrale qui contrôle l'ensemble du système. On peut pourtant s'étonner de son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique et du fait que les banques aient le rôle de la création de la monnaie scripturale.



II) Pourquoi le système est-il organisé de cette façon ?



a) L'importance de la création monétaire

Toute création monétaire doit correspondre à une création de valeur. Si on ne crée pas assez de monnaie, on empeche les échanges commerciaux ce qui aboutit au final à la recession. Si on crée trop de monnaie, on provoque de l'inflation qui si elle est trop importante aboutit elle aussi à un fort ralentissement économique voir une récession.

Il faut donc que la création monétaire soit le plus en adéquation possible avec la création de valeur de l'économie. Ce qui est extrémement difficile à évaluer. Combien vaut tel ou tel projet de création d'entreprises ? Tel ou tel prêt sera-t-il remboursé ? Avec quelle probabilité ? Combien va rapporter tel investissement ?

Le fait est que les banques sont les plus à même de juger  de la validité ou non d'un octroi de crédit et donc de l'opportunité ou non de créer de la monnaie correspondant à une valeur. Elles ont les compétences et le personnel pour cela. Elles ont d'autant plus intérêts à ne pas se tromper qu'elles empruntent aurpès de la Banque Centrale et qu'elles doivent donc payer des intérêts sur l'argent qu'elles empruntent. Donc si elles veulent gagner de l'argent, elles se doivent d'évaluer correctement le risque qu'elles prennent en accordant des prêts car si elles ne sont pas remboursées, elles devront quand même payer pour cette monnaie qu'elles ont émise.

C'est pourquoi le rôle de création de la monnaie scripturale par les banques est totalement justifié par la recherche de l'efficience économique. Evidemment, elles ne sont pas parfaites, mais ce sont les entités les plus aptes à juger de la validité de la création de nouvelle monnaie ou non.


b) La lutte contre l'inflation n'est pas la priorité de l'Etat


Trop d'inflation a des conséquences néfastes sur l'économie. De 1950 à 1973, un fort taux de croissance provoquait une hausse de l'inflation qui provoquait un ralentissement de la croissance qui provoquait une baisse de l'inflation qui provoquait une hausse de la croissance ect...
Ceci change dans les années 70, on se retrouve avec une forte inflation et un faible taux de croissance, on appelle cette situation la stagflation. Les politiques de relance keynésienne de l'économie aboutissaient à encore plus d'inflation et pas de réel progrès dans la croissance.
La solution radicale néo-libérale trouvée pour sortir de ce cercle vicieux a été de réduire l'inflation dans un premier temps afin de permettre une relance de la croissance par la suite (et réduire l'inflation ça a fait mal à court terme).

Or il s'avère que l'Etat a plutot intérêt à provoquer l'inflation que l'inverse car c'est à court terme une solution de financement pour lui. Lorsque l'Etat a le contrôle de la création monétaire, il a tout intérêt à financer ses dépenses par une émission de monnaie. De plus, l'inflation provoquant une dévaluation de la monnaie, cela lui permet de diminuer sa dette. L'inflation ne se manifestant pas de manière immédiate mais après un an, les hommes politiques au pouvoir ont tendance à satisfaire le court terme pour des besoins électoraux.

C'est pourquoi, afin de contrôler de manière efficace l'inflation et avoir une politique monétaire stable et cohérente (non changeante selon les gouvernements), la Banque Centrale doit être indépendante du pouvoir politique.

La BCE est la banque centrale en charge de la monnaie unique européenne, l’euro. Sa mission principale consiste à maintenir la stabilité des prix au sein de la zone euro et, par conséquent, à préserver le pouvoir d’achat de l’euro.
http://www.ecb.int/ecb/html/index.fr.html



c) Et la dette de l'Etat Français dans tout ça ?

Parce que selon le complot monétaire, les banquiers seraient responsables de la dette de l'Etat et se goinffreraient des intérêts de la dette voyons ce qu'il en est.

Il est déjà faux de penser que l'Etat emprunte de l'argent auprès des banques pour se financer (même s'il l'a déjà fait dans le passé).
L'Etat se finance sur les marchés financiers sous forme d'obligations et de bons du Trésor.  
- OAT (obligation assimilable du Trésor) pour le long terme
- Bons du Trésor pour le moyen/court terme 

La majorité sont des OAT. Donc il émet une obligation, des investisseurs l'achètent, et l'Etat s'engage à verser des intérêts et à rembourser à l'échéance. Ceci est fondamentalement différent du fait de faire marcher la planche à billets car il n'y a pas création monétaire mais transfert de créance, et donc pas de tendance inflationniste.
Les OAT concernent le long terme, elles arrivent à échéance selon lesquelles entre 7 et 50 ans. La dette de l'Etat est considérée comme un investissement sans risque, il a donc un taux d'intérêt très faible (puisque l'intérêt est une rénumération du risque entre autres).

Mais alors qui détient la dette de l'Etat Français ? Un peu tout le monde en fait comme on peut le voir avec l'illustration ci-dessous.



Les non résidents étaient majoritairement des fonds de pensions américains. Comme on peut le voir les banques (établissements de crédit) détiennent à peine 13% de la dette. On est donc très très loin des méchants bnaquiers qui obligent l'Etat a leur emprunter de l'argent pour se financer.
On pourrait même rajouter qu'au fond l'Etat se branle un peu des intérêts car il emprunte pour rembourser. Il attend de retrouver des périodes de forte croissance pour rembourser.



Conclusion

Le pire peut-être la-dedans c'est que ce complot des banquiers, cette création monétaire, est supposé expliquer la crise actuelle. Or le rapport est quand même très loin d'être évident. J'oserais même affirmer que le lien de causalité entre le système de création monétaire, la bulle immoiblière des subprimes et la contagion au système financier... et bien j'oserais même affirmer que ce lien n'existe pas.
En réalité, on se sert de la crise actuelle pour buzzer ce genre de complot qui permet de critiquer l'ensemble du système et ainsi tenter de promouvoir des idées politiques différentes. Il est assez comique que la critique de l'école autrichienne (libérale, voir ultra libérale) sur l'effet multiplicateur du crédit soit reprise aujourd'hui par les mouvements altermondialistes.

Notons que je ne suis pas contre une critique du système, il y a beaucoup à redire, mais la critique se basant sur de fausses raisons n'avance à rien et relève de la malhonneté intellectuelle... bref c'est mal quoi ^-^


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9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 13:28
On a beaucoup tapé à tort et à travers sur l'administration Bush. Or avec la crise financière actuelle c'est une très bonne occasion de le faire pour une raison valable. Alors pourquoi tout le monde s'en prive comme ça ?
Voyons donc en quoi l'administration a une grande part de responsabilité dans la crise des subprimes.


Bon... la crise des subprimes, c'est un terme générique, il faut distinguer deux choses, la bulle immobilière et son éclatement aux USA (début de la crise) et la propagation de la crise au système financier qui a abouti à une crise du crédit et donc maintenant à une crise économique.

Le commencement, c'est la bulle immobilière aux USA. Les subprimes ne sont pas le mal incarné, l'abus de subprimes oui.



Quels sont les facteurs qui ont contribué à cette bulle immobilière ?



1) La volonté politique


On Friday, May 13, 2005, President Bush will address the National Association of Realtors in Washington. The president often cites increased home ownership rates as a key component of his “ownership society” and also as an economic bright spot amid a labor market that continues to struggle in finding its foothold.
http://www.americanprogress.org/issues/2005/05/b686053.html



"the ownership society" est un slogan de Bush pendant la campagne en 2004


Pour l'administration Bush, chacun doit pouvoir accéder à la propriété (american dream toussa), donc il a favorisé l'accès au crédit afin que tout le monde puisse devenir propriétaire.


De plus, comme on peut le voir avec le coefficient GINI (qui mesure les inégalités de revenus), les inégalités se sont accentuées aux USA depuis la Reaganomics, et la politique libérale de Bush a été très loin d'arranger les choses. Or le rêve américain repose sur le fait que chacun puisse accéder à la société de consommation, mais vu qu'il y a de plus en plus de pauvres dans la société, si on veut qu'ils continuent à adhérer au système il faut leur garantir cet accès. Et ce moyen c'est le crédit, on réduit au maximum les conditions d'accès au crédit pour acheter les maisons et tant que les prix montent tout roule.



2) La politique du HUB

HUB (U.S. Department of Housing and Urban Development)
Freddie Mac : Federal Home Loan Mortgage Corporation
Fanny Mae : Federal National Mortgage Association


Pour simplifier Fanny Mae et Freddie Mac sont les deux plus grosses boites d'achat de "mortgages" (prêt à long terme) qui les agrègent ensuite ensemble et les revendent sur le marché mondial par tranches.
  Elles ne prêtent donc pas directement mais c'est quasiment tout comme parce que ceux qui font le prêt initial savent que ça va être racheté (donc ils s'en branlent au final). C'étaient des GSEs (government sponsored enterprises) qui ont été totalement rachetées par le gouvernement en septembre 2008 parce qu'elles allaient tout droit à la faillite en entrainant tout le monde avec eux.


Il s'avère que le HUB a énormement poussé Fanny Mae et Freddie Mac à acheter de plus en plus de subprimes.

For 1996, HUD required that 12% of all mortgage purchases by Fannie and Freddie be "special affordable" loans, typically to borrowers with income less than 60% of their area's median income. That number was increased to 20% in 2000 and 22% in 2005. The 2008 goal was to be 28%. Between 2000 and 2005, Fannie and Freddie met those goals every year, funding hundreds of billions of dollars worth of loans, many of them subprime and adjustable-rate loans, and made to borrowers who bought houses with less than 10% down.

By pressuring banks to serve poor borrowers and poor regions of the country, politicians could push for increases in home ownership and urban development without having to commit budgetary dollars. Another political free lunch.

http://online.wsj.com/article/SB122298982558700341.html


ou encore

At a hearing in 2003, Barney Frank explicitly stated that Fannie and Freddie’s government privileges were conditional on their willingness “to make housing more affordable.” The only way to achieve the low income loan targets while dramatically increasing lending was to erode underwriting standards. (wikipédia)




3) La FED

Troisième raison de la bulle immobilière, le taux d'intérêt de la FED. En concertation avec l'administration, ce taux d'intérêt a été maintenu très bas après l'éclatement de la bulle Internet et du 11/9, en 2003, il était de 1%. Conséquence => accès au crédit à tout va.




4) Les pratiques de crédit

 Ceci résulte en grande partie des deux premiers points. La conséquence de ces politiques d'accès facile au crédit pour devenir propriétaire a abouti à des pratiques reposant sur du vent.

ex : ninja loans
No Income, No Job, No Assets

On prête à des gens qui n'ont pas de revenus, pas de travail et pas de biens. On s'en fout, tant que les prix des maisons montent on gagne de l'argent parce que s'ils ne remboursent pas, on récupère la maison.

ex : ARM (adjustable rate mortgage)


On prête à un taux d'intérêt variable, mieux, on offre la possibilité de ne payer que les intérêts pendant les premières années, ou encore mieux de payer seulement des taux d'intérêts bas, on s'en fout si les gens ne peuvent pas payer, puisque les prix montent, on se fait de l'argent.

Aucune régulation, nada, et c'est pas comme si personne n'était au courant.

On September 10, 2003, U.S. Congressman Ron Paul gave a speech to Congress where he said that the then current government policies encouraged lending to people who couldn't afford to pay the money back, and he predicted that this would lead to a bailout, and he introduced a bill to abolish these policies (wikipédia)
Ron Paul, candidat républicain durant les primaires



On combine tout ça... et pouf une bonne grosse bulle immobilière. Donc oui, Bush est en grande partie responsable. Évidemment les prix montaient avant Bush, mais ça a pris une toute autre grandeur sous son mandat, et c'était son rôle de l'éviter alors qu'il l'a fortement encouragé.


Illustration




Une bulle ça finit forcement par éclater, et quand la FED a du remonter ses taux d'intérêts (inflation, chute libre du dollar face à l'€ etc...), les taux d'intérêts variables des prêts se sont mis à monter aussi. Entrainant des défauts de payements de plus en plus grand (jusqu'à 30% sur les subprimes).





Bon ça c'est pour la bulle immoiblière (la crise des subprimes quoi).
Comment ceci s'est propagé au système financier dans son entier ?




Je vais aller plus vite la-dessus et je vais reprendre Fanny Mae et Freddie Mac. Comme je l'ai dis, ces GSEs achètent des prêts, les mettent ensemble et les revendent sur le marché. Ces lots de subprimes sont très attractifs car ils ont un très haut taux d'intérêts et par un miracle provoqué aussi bien par l'opacité du système financier et la faillite/corruption des agences de notations, ces lots se sont retrouvés avec une notation triple A (meilleure notation possible).



Les agences de notations font un peu la pluie et le beau sur les marchés financiers, elles sont privées et beaucoup de soupçons de corruption pèsent en ce moment sur elles (investigation en cours). Le problème n'est pas nouveau, c'est pareil, mais l'idéologie de l'administration Bush est la croyance en l'auto-régulation. Partant de l'hypothèse que les gens ne seraient pas assez cons pour se foutre dans la merde tout seul. Or c'est ce que le système financier a fait, dans sa recherche du profit.


Donc toutes les acteurs financiers se sont mises à acheter ces lots de prêts immobiliers très bien notés, ne sachant souvent même pas ce qu'ils achetaient. (mais tant qu'on fait du fric on s'en fout)






Il s'avère aujourd'hui qu'ils ont acheté de la merde, voir de la merde assurée avec de la merde. Avec la faillite et le non-sauvetage de Lehman Brothers, les banques se sont rendues compte que les sommes astronomiques qu'elles se pretaient chaque jour entre elles et dont elles ont besoin pour fonctionner n'étaient plus sûrs du tout et qu'il était très risqué de prêter de l'argent aux autres banques. 

D'où une crise du crédit interbancaire, puis une crise du crédit tout court.

Les banques sont incapables de savoir précisement leur exposition aux produits toxiques et encore moins l'exposition des autres banques, les taux d'intérêts interbancaires s'envolent (LIBOR et EURIBOR) et c'est tout le système qui risque de s'effondrer. (ce qui explique la nécessité des fonds de garanties des Etats)



Bref, la politique économique de Bush est en grande partie responsable de la crise des subprimes, parce qu'il a fortement contribué à l'ampleur de la bulle immobilière et parce que sa politique de non intervention et de dérégulation a permis au système financier de faire n'importe quoi.
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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 12:31

Extrait d'un article de la Tribune de la semaine dernière


En outre, les 10,5 milliards d'euros vont probablement prendre la forme d'un titre super subordonné à durée indéterminée (TSSDI), a avancé Serge Maître, en se basant sur des informations ayant filtré de Bercy. Cela veut dire que les banques verseront d'abord des dividendes à leurs actionnaires avant, éventuellement, d'acquitter les intérêts de 8% annoncés, dit-il. En outre, comme c'est un titre "perpétuel", la banque n'est tenue de rembourser l'intégralité du capital qu'en cas de dissolution.

En bref, "les intérêts, l'Etat les percevra peut-être. Le capital, il est peu vraisemblable qu'il le touche", résume le porte-parole de l'AFUB. "C'est un super cadeau".

 


Prenons un peu de recul pour examiner la question et commençons par définir les termes du jargon financier. 

 

 

Dette subordonnée : Une dette est dite subordonnée lorsque son remboursement dépend du remboursement initial des autres créanciers (créanciers privilégiés, créanciers chirographaires). Bien sûr, en contrepartie du risque supplémentaire accepté, les créanciers subordonnés exigent un taux d'intérêt plus élevé que les autres créanciers.


Explication : si la banque fait faillite, la distribution de l'argent qui restera se fera en dernier lieu aux créanciers de dettes subordonnées, s'il reste de l'argent à distribuer. Le risque de perte étant plus grand, le taux d'intérêt demandé en échange est plus élevé.


 

Titre perpétuel : Il s'agit d'une obligation perpétuelle où aucune date n'est prévue pour le remboursement du principal (les 10,5 milliards). La banque doit donc simplement payer les intérêts annuellement.

 

 

Imaginons pour commencer que les banques choississent de ne jamais rembourser et prenons l'hypothèse haute d'une inflation de 4% par an. Donc la première année, l'Etat récupère (10 500 000 * 8%)/(1+4%) = 807 692 (arrondi). La deuxième année, ce sera (10 500 000 * 8%)/(1+4%)^2 = 776 625 ect...

 

Ici j'actualise (je les exprime en valeur actuelle, d'aujourd'hui) les flux afin de pouvoir les comparer avec les 10,5 milliards. Les intérêts récupérés peuvent pour résumer se calculer grâce à la formule de la somme d'une géométrique (la raison étant 1/1,04). 

 

Si l'on applique cette formule, on trouve qu'au bout de 18 ans, les intérêts auront recouverts le principal. (en admettant qu'on ne décide pas de placer les intérêts). 

 

840 000*(1-1/ (1,04)^18)/0,04 = 10,6 milliards (arrondi). 

 

C'est long et court à la fois. Mais il s'agit ici d'une rente perpétuelle, la formule pour calculer la valeur actuelle d'une rente perpétuelle est beaucoup plus simplifiée : Coupon/Taux actuariel

Ici, coupon => intérêt et taux actuariel => 4%

 

 

On a donc 840 000/4% = 21 000 000

 

 

Ceci est la valeur actuelle d'une rente perpétuelle de 840 000 avec un taux d'actualisation de 4%. 

Prions donc plutot pour que les banques ne remboursent jamais.

 

 

Hélas, il est fort peu probable qu'elles le fassent, plus elles attendent, plus ceci va leur couter cher.

    Le problème des banques aujourd'hui c'est qu'elles n'ont plus accès aux liquidités, or d'ici 3 à 5 ans, elles seront tout à fait capables de se financer à moins de 8%. Elles auront donc tout intérêt à rembourser le plus rapidement les 10,5 milliards de prêt qui leur coutent 21 miliards en valeur actuelle.

 

Après, il est toujours possible (tout est possible après tout) que les banques fassent faillite et ne remboursent jamais. Mais c'est justement le but du plan de soutien de l'Etat, d'éviter la faillite, il serait donc illogique de dire qu'il ne faudrait pas tenter d'éviter la faillite du système bancaire sous prétexte qu'il pourrait faire faillite.

 

Le monsieur qui nous parle de "super cadeau" n'a donc rien compris et visiblement n'a pas l'air d'y connaitre grand chose.

 

 

 

Passons maintenant au véritable pourquoi.

 

L'Etat français a mis en place un plan de soutien à son système bancaire d'une valeur de 360 milliards d'euros.  320 milliards de garantie de refinancement et 40 milliards visant à fournir des fonds propres. (dont les 10,5 milliards sont extraits)

 

En contrepartie les banques s'engagent à faciliter le crédit aux PME, aux collectivités locales et aux ménages. Les banques ont fixé un objectif de progression de leurs encours de l'ordre de 3 % à 4 % dans ces différents types de financement de l'économie. Elles s'engagent de plus à interdire les parachutes dorés.

 

 

Le ratio tiers one mesure la solvabilité de la banque. Une banque a l'obligation de maintenir un certain niveau de capitaux propres compte tenu des risques d'elle prend en faisant du crédit. (voir accords de Bâle II et Bâle III si vous souhaitez approfondir).  Hors le ratio des banques françaises, du fait des recapitalisations des autres banques européennes (ING, UBS) s'est retrouvé en dessous de la moyenne européenne. Moins solvables, les banques françaises devenaient moins attractives pour les investisseurs que les autres.
Ceci est la première raison. 

 

 

La deuxième, c'est que pour faire remonter son ratio (et accessoirement éviter de se déclarer en faillite s'il devient trop bas), le moyen le plus simple est d'arrêter de prêter et attendre le remboursement des crédits.

Or pour éviter un ralentissement de l'activité économique, il faut à tout prix éviter cela. Le financement des PME dépend énormement du secteur bancaire.

Avec ce prêt, l'Etat s'assure que le ratio reste correct, sans toucher aux actionnaires et en favorisant l'activité du crédit.


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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 16:33
Ici, je ne vais pas traiter du Moi tel qu'il est défini dans la théorie Freudienne, par "Moi" je désigne simplement moi, en tant qu'être pensant. Il s'agit donc plutot de partir du Cogito de Descartes "Je pense donc je suis", seule vérité philosophique irréfutable. "Je", j'existe puisque je peux le penser mais voyons plus précisement ce qui définit "moi".

"Moi", en tant qu'être singulier différent du reste du monde regroupe un ensemble de traits, de caractéristiques, de souvenirs, d'expériences qui font que je sache que "moi" c'est moi et que j'existe en ce monde.


Pour commencer, prenons l'hypothèse de l'existence de l'âme et de la réincarnation. Quand je meurs, mon âme (mon esprit, ou autres dénominations) va se réincarner. Certains y voient là une forme d'immortalité, nous serions immortels parce que notre âme continuerait d'exister après la mort. C'est faux, âme ou pas, si je suis la réincarnation de quelqu'un, je ne connais strictement rien de lui, je ne suis donc pas lui, il est mort, et moi j'existe car ce qui me définit et qui me donne conscience d'être moi, c'est l'ensemble de mes expériences et de mes souvenirs.

Imaginons que que je perde la mémoire, dans cette hypothèse, je ne pourrais être moi, je serais le même corps ect... mais pas la même personne. Ce nouveau personnage sans aucun souvenir va se construire avec ses propres expériences, ses propres souvenirs dans ce nouveau monde qu'il découvre, et il disparaitra au moment où je retrouverais la mémoire.
Ainsi mon "moi" meurt à l'instant où j'oublie mes souvenirs et expériences, faisant place à un autre moi qui n'aura pas l'ombre de la conscience que le moi d'avant n'existe plus. Se réincarner revient à mourir, nos souvenirs étant inscrits dans nos systèmes neuronaux, la survie de l'âme après la mort ne changera rien quand à la mortalité du moi car l'âme n'aura plus aucun souvenir.

Comme exemple, je peux me référer au livre de Philip José Farmer : "le Fleuve de l'Eternité". Pour résumer rapidement, l'humanité tout entière se trouve ressucitée le long d'un grand fleuve dans un nouveau monde. L'un des personnages arrive au bout de quelques temps au raisonnement suivant. Son corps sur Terre est enterré et décomposé, de plus s'il a les souvenirs de ce corps, il n'en reste pas moins qu'il est bel et bien mort et que "lui", ici en ce monde, n'est finalement qu'une copie de l'original, une nouvelle personne, différente.

Ainsi le raisonnement marche dans les deux sens, quand mon corps physique meurt, mon "moi" meurt obligatoirement. Qu'on reconstruise mon corps à l'identique ou pas, que l'âme existe ou pas, mon "moi" ne peut être immortel.

Mais une fois qu'on en arrive à cette conclusion, il devient difficile de comprendre ce que peut représenter le fait d'être conscient d'exister. Descartes, dans sa démonstration de l'existence de l'âme marque un point en disant que de la naissance à l'âge adulte, notre corps change profondement, nos souvenirs, nos expériences sont en perpétuelles évolutions... et pourtant nous avons toujours conscience d'être la même personne, le même "moi" tout le long de notre vie. Mon "je" se transforme à chaque instant, je meurs à chaque seconde.


Une autre conclusion s'impose alors :
- soit il existe bien quelque chose, différencié par rapport au corps physique et qui permet cette unicité du "moi" dans le temps
- soit le fait de penser et de croire que j'existe n'est qu'une illusion et une simple action de notre cerveau qui nous fait croire que nous pensons et réflechissons

Je penche plutôt pour la deuxième.

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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 11:25

Petit tour d’horizon du lobby du complot sur l’Internet français

 

Participant régulier sur les forums, les blogs et autres lieux d’échange depuis de nombreuses années, j’ai vu peu à peu les espaces de discussions être envahis par toutes sortes de théories ayant pour point commun l’idée qu’il existe une sorte de complot où des gens « au courant » cachent sciemment la vérité à la population.

Cette rhétorique n’est pas neuve, on peut sans problème se référer (sans aller trop loin dans le passé) à la mode des extra-terrestres, Roswell, la Zone 51, théories qui étaient très en vogue aux Etats-Unis dans les années 60-70-80, contexte de guerre froide aidant beaucoup. La base d’une théorie se référant au complot se trouve dans la défiance vis-à-vis de l’Etat, de l’autorité, de l’expert, dans la conviction qu’on nous cache des choses.

D’ailleurs n’importe quel quidam moyen vous dira que les gouvernements ne disent jamais toute la vérité à la population, chose logique soit dit en passant, mais il s’agit ici de passer au stade supérieur.

 

Internet est une caisse de résonance inespérée pour ces personnes car échappant à tout contrôle des publications. Le sujet qui m’intéresse ici est de montrer que derrière toutes ces théories du complot se cache en fait un rejet pur et simple du système, que ces théories du complot sont utilisées consciemment ou pas à des fins politiques et qu’on retrouve quelque soit les sujets abordés la même rhétorique. Rhétorique qui devient de plus en plus influente dans la sphère publique et qui commence à influencer fortement le débat politique.

 

Je propose donc ici de faire un petit voyage dans l’internet français à travers les théories complotistes d’actualités.

 

Mon voyage à moi a commencé en 2001 (comme l’Odyssée de l’espace, coïncidence troublante n’est ce pas ?) à la lecture d’un livre de Jean-Pierre Petit « Ovni et armes secrètes américaines », lecture assez édifiante d’ailleurs. Commençons donc par son site. Plus d’un million de consultations depuis un an, site pas mal fréquenté, on y retrouve les sujets phares de Jean-Pierre Petit : Les OVNIS, la science, le MHD, mais pas que ça et c’est là où ça devient intéressant.

 

On trouve en première page du site des liens vers « la Route du Pétrole », « L’Empire du Mal » et encore mieux vers Reopen 9/11. On passe du complot sur les OVNIS et la science au complot politique avec le 11 Septembre, le nouvel ordre mondial ect… Le glissement est facile et même logique puisqu’il s’agit simplement d’appliquer la même rhétorique : ON nous ment, ON nous manipule. Rejet de tout ce qui est officiel, rejet du système, tout est bon à prendre une fois qu’on a plongé dedans.

 

Passons donc au site suivant, Reopen 9/11. Pour résumer ce site demande la réouverture de l’enquête sur le 11 Septembre, enquête qui aurait été mal faite, ou viciée à la base par le gouvernement et les médias. Il suffit pourtant de faire un rapide tour sur le forum et sur les articles publiés pour se rendre compte que ce qui compte avant tout, c’est de démontrer que le 11 Septembre est un complot, un inside job, dans lequel sont impliqués selon les versions, la CIA, le FBI, l’administration Bush ect…

 

Toujours la même rhétorique, les médias, les gouvernements, nous mentent et on retrouve alors plusieurs types de personnes. Celles qui sont déjà à la base enclines au complot et qui voient là-dedans un nouvel exemple de ce qu’elles ont toujours su, et celles qui y voient là (et ce n’est pas forcement conscient) un prétexte pour critiquer les USA en général, ou la politique extérieure de Bush en plus particulier, voir un moyen de critiquer l’ensemble du système qui s’est mis en place dans l’après Guerre Froide et la domination totale de l’Occident sur le reste du monde.

Les théories du complot est ici une nouvelle façon de critiquer le système et de promouvoir ses opinions politiques marginales.

 

 

Ceci est particulièrement visible en continuant le voyage à l’aide d’un lien du site Reopen 9/11 qui nous envoie sur le site du réseau Voltaire qui se définit lui-même comme un « réseau de presse non-alignée ». Traduction : non alignée par rapport aux médias traditionnels qui nous mentent et nous cachent la vérité, on reste exactement dans la même rhétorique.

Une des figures les plus connues du réseau voltaire est Thierry Meyssan, auteur notamment d’un livre best-seller sur le complot du 11 Septembre et la théorie du « non avion » sur le Pentagone. Il est particulièrement engagé (et c’est peu de le dire) dans la cause palestinienne, se déclarant proche du Hezbollah, prenant parti pour la révolution Iranienne et le régime vénézuélien contre l’impérialisme.

On le voit bien, le complot est ici un très bon moyen de promouvoir les opinions politiques. Dernier exemple en date, un article publié sur le site démontrant comment la CIA avait réussi à placer un de ses agents (Sarkozy) au pouvoir en France. Ceci virant de plus en plus en une paranoïa totale.

 

 

Passons maintenant à la suite. Habitué des débats sur le 11 Septembre j’ai été surpris de retrouver cette même rhétorique dans le débat sur la constitution européenne. L’Europe qui se construit sans les peuples, pleins de trucs cachés dans le texte, les médias pro-oui qui mentent et manipulent ect…

Une des figures de proue du mouvement du « non » sur Internet était Etienne Chouard, inconnu au bataillon mais devenu héros du « non » grâce à un texte publié sur son site dénonçant le déni démocratique de la constitution et de la construction européenne et qui a fait le tour du web.

 

Analysons d’abord la position des partis politiques sur ce sujet. Le « non » a été défendu par la droite souverainiste de l’UMP (Dupont-Aignan), l’extrême droite, l’extrême  gauche, la gauche souverainiste (Chevenement) et la gauche du PS (Emmanuelli), la rhétorique de ces courants politiques restent la même, il s’agit de critiquer les élites qui nous manipulent, de manière plus générale c’est une opposition au système en place qui est mise en avant par le recours au complot contre le peuple. Le débat sur la Constitution était donc un terrain idéal rassemblant tous les critères pour que la rhétorique du complot marche.

 

 

Revenons maintenant à Etienne Chouard, pour l’avoir vu dans une émission à la télévision, l’argumentation employée à base de doute cartésien la bouche en cœur m’a beaucoup rappelé la rhétorique employée par les défenseurs du complot sur le 11 Septembre. Dans le style : « moi je ne crois en rien mais ça, quand même, ça me fait douter, et puis ça aussi... », doute qui d’ailleurs ne s’applique que dans un sens, celui de la critique de tout ce qui est officiel.

Source Officielle = Doute // Source non Officielle = Fiabilité

 

J’avoue avoir moi aussi commencé à douter, non pas de la bonne foi de ce monsieur ni de la pertinence de ce qu’il avançait (qui est discutable mais ce n’est pas le sujet), mais de la vision de la société et du système qu’il avait. Parce qu’évidemment si vous arrivez en annonçant que vous êtes souverainiste par exemple (et je dis bien par exemple), forcement vous êtes tout de suite moins crédible dans votre critique de l’UE.

 

Or ça n’a pas loupé, en vous baladant un peu sur le site d’Etienne Chouard, on se rend compte que le combat contre le TCE est devenu un combat contre la construction européenne depuis son commencement. On peut aussi lire, et c’est là où ça devient intéressant qu’il conseille la vision de la vidéo d’une interview de Thierry Meyssan, vidéo florilège de délires conspirationnistes en tout genre. Je cite :

 

« La partie 1 est très intéressante sur les techniques utilisées par les médias pour diaboliser les principaux résistants, dont Meyssan fait partie. Comme d'habitude, il faut lire les auteurs directement dans le texte, bien plus que les critiques. Mais je vous recommande particulièrement les parties 2 et 3 où sont évoqués le Patriot Act et la contagion du recul des libertés prévisible en Europe, l'abandon atlantiste de nos nouveaux dirigeants, les enlèvements arbitraires en Europe et la torture organisés par l'empire étatsunien, le projet américain d'affaiblir économiquement l'Europe, la tentation néo-pétainiste de céder au puissant dominant, en faisant même du zèle pour lui plaire... »

 

Bim une fois encore, on est en plein dans la rhétorique complotiste. Ici on arrive même à allier d’un coup la défiance vis-à-vis des gouvernements avec le rejet des USA et la critique de l’organisation mondiale de l’après guerre froide.

Ou encore

 

« J'ai moi-même rencontré Thierry Meyssan (cet été) et nous avons parlé quelques heures. Je confirme que c'est un homme charmant, calme et cultivé, rigoureux dans ses analyses, très convaincant sur une série de sujets qu'il connaît parfaitement. »


Ce qu’on comprend très bien en lisant le début d’un des articles de son site

 

« Le terrorisme a bon dos : ce qui se passe, c'est l'accélération d'un processus éternel, l'autonomisation des exécutifs qui ont une tendance profonde, puissante, dangereuse, à s'affranchir progressivement de tout contrôle. »


Entre complotistes on sait s’apprécier à sa juste valeur. Le contraire aurait été étonnant.

 

 

Nous sommes donc passés des OVNIS, au 11 Septembre, à la géopolitique mondiale de l’après Guerre Froide, puis au TCE, mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin et continuons avec un sujet au cœur de l’actualité, la crise financière actuelle. En effet on voit en live la nouvelle théorie du complot se développer. De la crise des subprimes, de la faillite des agences de notations, des dérégulations et autres, le complot n’est pas là. Le complot monétaire existe lui aussi et nous avons donc en première page du site d’Etienne Chouard

 

C’est incroyable, vraiment incroyable :

nos gouvernements ont totalement abandonné la création monétaire aux banques privées.

Cela entraîne une dette publique extravagante et un chômage insupportable.

 

Il s’agirait selon lui d’un point essentiel et totalement méconnu. Moi je l’ai vu dans mes deux premiers cours d’économie mais vu l’article que je suis en train d’écrire je fais probablement parti du complot donc je ne m’attarderai pas la-dessus.

 

En revanche, il s’agit encore une fois de la même rhétorique, ici ce sont les banquiers qui ont la main mise sur le système pour se faire de l’argent et diriger les Etats, car ceux qui ont le contrôle de la création monétaire ont le pouvoir. Il s’agit du complot des banksters qu’on retrouve très vite en suivant un lien de la page vers bankster.tv. Actualité oblige, c’est le nouveau complot à la mode.

 

 

Je pense que l’on pourrait continuer comme ça un long moment encore sautant de complot en complot car au final tous se basent sur le même principe, à savoir la défiance vis-à-vis des élites. Le complot est devenu aujourd’hui avec Internet un véritable outil de propagande pour ceux qui souhaitent promouvoir leur message politique marginal.

Je ne verse pas dans l’autre sens, il serait stupide de dire qu’il existe un complot pour mettre en avant les théories du complot sur internet. L’emploi du terme « lobby » du complot dans le titre est donc probablement exagéré. Mais il se justifie par l’ensemble cohérent du système de pensée que les théories du complot définissent. On le voit, la rhétorique complotiste marche sur tous les sujets et commence à sortir dans le débat public. Il est important de savoir que ces personnes sont bien moins objectives et honnêtes (consciemment ou pas) que les complots qu’elles dénoncent.

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 16:14
Premier article pour ce blog, on va d'abord poser les bases de certains principes que je vais appliquer ici avec ce texte écrit depuis quelques temps déjà. Principes auxquels je tiens beaucoup.

"En ces temps où les blogs, forums, lieux d’échanges se multiplient sur Internet, où les médias citoyens prennent de plus en plus de place dans l’opinion, il me semble de plus en plus important de rappeler certains principes tout à fait essentiels au bon fonctionnement d’une démocratie et nécessaires à la mise en place d’un réel débat et non d’un simple échange d’opinion, relevant plus des préjugés (conscients ou pas) que de faits réels.
Car on ne va pas le cacher, ce fort et récent développement des moyens d’échanges est un enjeu majeur pour beaucoup. Il permet de toucher n’importe quelle personne équipée d’un ordinateur et ayant accès à Internet, il offre une vitrine simple, pas chère et donc au combien pratique pour faire passer ses idées. Dès lors la tentation est forte de se servir de ce nouvel outil pour diffuser des conceptions qui n’auraient pas pu s’exprimer autrement par leurs aspects marginales et bien souvent absurdes.
Je vais donc énoncer ici, deux principes trop souvent oubliés en les illustrant par quelques faits d’actualités qui je l’espère ne feront pas disparaître mon propos sous les polémiques stériles.


 1er principe « Aucune information n’est objective et encore moins si elle émet une opinion »

Ce n’est pas un scoop, l’objectivité parfaite n’existe pas, mais là où nous savons très bien qu’en lisant l’Humanité, les faits ne seront pas du tout traités de la même façon que dans le Figaro, Internet offre la chance à n’importe qui de raconter ce qu’il veut tout en se faisant passer pour quelqu’un dont le seul but et la recherche de la pure vérité (la bouche en cœur).
Je prends pour exemple les attentats du 11/09 et la théorie du complot. (dont je ne traiterais pas merci). Cette théorie a été largement propagée par un certain T.Meyssan, personne que je ne connaissais pas, et son site http://www.voltairenet.org/fr, dont je n’avais jamais entendu parler en grand ignorant que j’étais.
Après avoir regardé son passage dans l’émission « C dans l’air » d’Arte, je suis donc allé faire un petit tour sur ce site afin d’en apprendre plus sur cette théorie assez intéressante (j’ai toujours aimé tout ce qui sortait un peu de l’ordinaire). Après un survol rapide et suffisant, voilà l’information qui en ressort, ces personnes n’aiment pas, mais alors vraiment pas du tout les politiques Israëliennes et Américaines, et tiennent Bush en très petite estime. Qu’ils aient raison ou pas, ce n’est pas mon propos.
Mon propos est que ces gens me posent un dilemme, ils me disent que tous les médias traditionnels sont, ou controlés par les pouvoirs en place, ou en tout cas tellement pro-Bush qu’on ne peut pas leur faire confiance. Or ces personnes sont au moins autant anti-Bush, si ce n’est plus au vu de leur site, que les médias (au lendemain du 11/09) sont pro-Bush. Dès lors je n’ai aucun moyen de savoir qui dit la vérité et qui ment. Et on se retrouve dans une situation de débat totalement stérile où ceux qui n’aiment pas les USA (ou Bush, ou Israël ect...) vont défendre la théorie du complot et ceux qui aiment bien les USA vont défendre la thèse officielle.
Débat stérile car au fond personne ne se soucie vraiment de l’auteur des attentats, chacun veut faire triompher sa grille de lecture du monde. C’est pourquoi je demande à chacun d’entre nous de bien se rendre compte à quel point il est avant tout influencé par ses préjugés et ses opinions et qu’il est évidemment bien plus facile de prendre pour parole d’évangile quand on est anti-Bush des assertions dans une vidéo dénonçant l’administration Bush comme organisatrice du 11/09 que l’inverse.
Parce que si nous sommes conscients de ces déterminismes, c’est déjà un grand pas que fait notre esprit critique lorsqu’il reçoit une information, d’où qu’elle vienne.
 Et je me permettrais d’illustrer mon propos par une réplique de Rouletabille (célèbre journaliste) tirée du livre « Le Mystère de la Chambre Jaune »

 « Il y a quelque chose, monsieur Frédéric Larsan, qui est beaucoup plus grave que le fait de brutaliser la logique, c’est cette disposition d’esprit propre à certains policiers qui leur fait, en toute bonne foi, « plier en douceur cette logique aux nécessités de leurs conceptions ». Vous avez votre idée, déjà, sur l’assassin, monsieur Fred, ne le niez pas... et il ne faut pas que votre assassin ait été blessé à la main, sans quoi votre idée tomberait d’elle-même... Et vous avez cherché, et vous avez trouvé autre chose. C’est un système bien dangereux, monsieur Fred, bien dangereux, que celui qui consiste à partir de l’idée que l’on se fait de l’assassin pour arriver aux preuves dont on a besoin ! ... Cela pourrait vous mener loin... Prenez garde à l’erreur judiciaire, Monsieur Fred ; elle vous guette ! ... »


2ème principe « Mon opinion n’est pas forcément pertinente »

En effet il est très plaisant de pouvoir s’exprimer sur tout et n’importe quoi et encore plus maintenant que nous pouvons le faire avec des personnes de toute origine, à n’importe quelle heure et n’importe où grâce aux forums et aux blogs. Ceci dit, je ne perds pas de vu que mon opinion est toute relative, d’une part parce que je n’ai pas, en tant que simple citoyen accès à une information de premier ordre comme le serait idéalement un journaliste avec ses sources, d’autre part parce que les sujets sur lesquels je m’exprime dépasse souvent de loin le champ de mes compétences.
J’en reviens à la théorie du complot du 11/09 parce que c’est un sujet que tout utilisateur régulier d’Internet maîtrise peu ou prou et sur l’avion qui s’est écrasé sur le Pentagone. (ou pas). Je ne suis pas expert en crash aéronautique, je suis donc assez dubitatif quand je vois des personnes sans aucune qualification particulière sur ce sujet m’affirmer qu’il est physiquement impossible qu’un avion produise ce type de dégâts (un trou de 18m de large pour un avion de 35m) et sans laisser de débris.
J’avoue que ceci me fait même doucement rigoler, non pas parce que je me dis qu’ils ont tort, mais simplement parce qu’un raisonnement qui leur semble logique et de bon sens ne l’est en fait pas du tout.
Pourquoi ? Parce qu’un crash aérien est tout sauf un phénomène physique qui tombe sous le sens commun. Qui suis-je pour savoir quel effet va causer le crash d’un Boeing 757 sur le Pentagone ? C’est bien là le problème, personne n’y connaît rien. Comment pourrais-je juger avec de simples photos ou une pauvre vidéo si ceci est possible ou pas ?
Pour prendre un autre exemple, on me dira ce qu’on veut, pour moi un paquebot n’est pas censé flotter, trop gros, trop lourd, et pourtant il flotte, c’est de la physique pas du bon sens. En réalité il n’existe en France que 2-3 experts en crash aéronautique (heureusement d’ailleurs ça veut dire qu'il n'y pas trop de crashs) et ce sont probablement les seuls à pouvoir répondre à cette question avec précision et je suppose qu’encore faudrait-il qu’ils aient en leur possession pas mal de données supplémentaires.
 Mon avis sur ce genre de questions ne vaudra jamais celui d’un expert (d'un vrai) et c’est ceci que nous devons garder en tête. C’est le principe même du fonctionnement d’un Etat démocratique, je ne pas tout gérer, c’est pourquoi je délègue des taches qui me dépassent à des personnes spécialisées tout en m’assurant que des organes de contrôle soient toujours en place pour juger de leurs actions. (de la même manière que la police et la police des polices)
 Avec Internet il est bien sur devenu très facile de faire usage de ce pouvoir d’autorité et c’est en cela que le premier principe est important, à savoir, qui est la source ? Pourquoi a-t-il fait cet article ? cette vidéo ? Quel niveau de partialité a-t-il ?

Et c’est bien là le véritable problème car il est très difficile de juger du niveau de partialité de quelqu’un sans avoir recours à notre propre subjectivité.
Mais c’est en prenant conscience de ses déterminismes sociaux que l’homme peut s’en libérer, de même c’est en prenant conscience de sa propre subjectivité et de celle des autres qu’il peut tendre vers plus d’objectivité. C’est de là que naît l’esprit critique (le vrai) nécessaire au bon fonctionnement de nos démocraties et ce n’est qu’ainsi que peut se poser un vrai débat de fond."

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